13.11.2019

BCE équipe le BTS Audiovisuel Henri Martin de Saint-Quentin

À la suite d’une appel d’offres, BCE a rénové tous les équipements du BTS Audiovisuel Henri Martin, le tout sur une architecture IP favorisant l’interconnexion du matériel permettant ainsi un accès aux médias depuis n’importe quelle salle du BTS.

Le but d’un BTS Audiovisuel est de faciliter l’apprentissage sur différentes typologies de matériel, dont la robustesse permettra d’assurer la formation des élèves tout en respectant le budget de l’établissement. Le BTS Audiovisuel Henri-Martin préfigure ainsi ce que devrait être à l’avenir un BTS Audiovisuel, à savoir une architecture hybride ouverte sur le futur.

Nous avions commencé à 12 élèves et nous sommes arrivés à plus de 120. Les dernières installations avaient 15 ans. Il y avait une équation à résoudre entre l’enseignement, le matériel disponible et le nombre d’élèves. La technologie a évolué rapidement et nous avons pu bénéficier d’une subvention de la région des Hauts-de-France qui a permis cette évolution », souligne Jacques Tabary, proviseur du lycée Henri Martin

Compréhension du projet et choix technologique

Le BTS Audiovisuel du lycée Henri Martin est l’un des plus importants de France. Il accueille quinze élèves par classe, comporte cinq options. Il y a quatre ans, le BTS a repris une partie d’un BTS créé à Amiens en apprentissage avec option Montage. Depuis il intègre également une filière apprentissage en option image et l’année dernière a été ouverte une licence pro Postproduction Son.

L’idée de la Région des Hauts-de-France, sous l’impulsion de son président Xavier Bertrand, fut de doter le BTS de ce nouveau matériel en l’amortissant sur le BTS, l’apprentissage et la licence pro. Après la rédaction d’un cahier de charge, réalisé par BOB (Boîte à Outils Broadcast), et la publication d’un appel d’offres, le marché fut remporté par BCE. Outre la dimension financière, importante dans ce genre de projet, c’est la dimension humaine et d’écoute qui a prévalu.

Régie du Studio Bleu (BTS Henri Martin)

Tout s’est fait en liaison étroite avec les professeurs, avec une grande implication de l’équipe pédagogique. Les professeurs savaient ce qu’ils voulaient, mais avaient parfois une grande difficulté pour exprimer leurs besoins. Il faut prévoir une maîtrise d’ouvrage dans les budgets car nous n’avons pas la compétence en interne. Trop technique, les acheteurs publics à la région n’ont pas cette compétence. Si nous n’avions pas eu le partenariat étroit avec BCE et BOB nous n’aurions pas pu arriver à un tel projet », insiste le proviseur.

Les équipes de BCE étaient présentes régulièrement pour assurer le câblage, les installations des matériels, en synergie avec les enseignants et Cyril Mazouër, Directeur de BOB.

Il faut être dans l’écoute, car il faut être capable de comprendre les besoins. Cyril Mazouër a certes fait un travail remarquable pour définir les besoins, mais il était important pour nous d’écouter les professeurs s’exprimer avec leurs propres mots. Je pense que ce relationnel et la souplesse que nous avons introduite dans ce projet a permis que tout se passe bien, sans heurts ni problèmes », souligne Philippe Mauduit, président de BCE France.

Le projet de mise à jour des installations du BTS Audiovisuel, pour la partie déploiement s’est déroulé de décembre 2018 à mai 2019.

Un exercice difficile comme l’évoque José Delclitte, « Le renouvellement des équipements s’est fait pendant une période de fonctionnement du BTS. Le matériel a commencé à être installé fin 2018, cela coïncidait avec les premiers examens. Il fallait jongler entre l’ancien matériel et le nouveau sans être en rupture avec le référentiel du programme des cours« .

Salle d’édition (BTS Henri Martin)

Studio son (BTS Henri Martin)

Il n’y a pas forcément de cohérence totale dans les matériels déployés, mais il faut apprendre sur les nouvelles technologies et les plus anciennes. Cette disparité de matériel est nécessaire pour se faire la main sur tout type d’outils », poursuit Philippe Mauduit.

La mission d’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage) pour le compte d’un BTS Audiovisuel public est très différente d’une mission d’assistance classique. Lorsque l’on enseigne au sein d’un BTS, l’année scolaire est très chargée et les occasions de travailler aux côtés de professionnels sont rares. Le BTS Audiovisuel était encore en SD ; c’est donc un saut de géant qu’il vient de franchir en passant en HD, HDR et infrastructure IP. Il était également indispensable de former les étudiants sur l’IP, tout en gardant également le SDI, qui occupe encore une place prépondérante dans le paysage audiovisuel.

Architecture IP et SDI

Le BTS est à l’image d’une petite chaîne de télévision qui aurait une partie de production et de postproduction plutôt développée. La philosophie de l’ensemble repose sur une architecture hybride SDI et SMPTE 2110 avec un serveur EVS six canaux dans le nodal, les canaux se partageant entre les deux régies des deux plateaux. Le plateau principal, baptisé plateau vert, est le plus grand et comprend une régie fixe avec une grille SDI 64 x 64 et un réseau IP SMPTE-2110. Le serveur EVS est natif 2110, le mélangeur et le multi-viewer sont hybrides. Les autres équipements sont uniquement SDI (caméras, infographie…). Les convertisseurs V_matrix de Lawo (IP/SDI) permettent d’échanger les flux entre les deux mondes. Le châssis installé contient deux modules : un IPG 10/10 SDI et 20/20 IP, ainsi qu’un multi-view 18/2 SDI et 24/8 IP.

Le VSM de Lawo permet de créer différents scénarios pour coller aux différents apprentissages des étudiants. Ainsi un étudiant débutant qui apprend à commuter la sortie d’une caméra dans un multi-viewer ne sait pas réellement ce qui se passe. Lorsqu’il comprend mieux la technique, et grâce à un panel virtuel, il peut découvrir les interactions entre les équipements :

Sur une installation d’école, il est indispensable de rendre les choses pédagogiques. Pour des raisons de coût, il est de plus en plus rare d’avoir des patchs vidéo au sein des régies. Dans une école, notre expérience nous a montré que c’était indispensable. Cela permet aux élèves de visualiser par où passe un signal. Évidemment la partie IP n’est pas matérialisable de la même façon ; c’est pourquoi nous avons fait un travail d’équilibriste pour trouver les meilleurs compromis entre la pédagogie et la nécessité d’avoir de l’IP », explique Cyril Mazouër.

Régie (BTS Henri Martin)

Régie mobile (BTS Henri Martin)

La seconde régie, qui se trouve dans le plateau bleu, est mobile et utilisée pour des travaux pratique de câblage. Pour que les étudiants comprennent facilement les liens entre les différents matériels, il a été décidé que cette régie serait en SDI. Elle comprend une grille 16 x 16, un mélangeur 2 M/E Ross Carbonite, quatre caméras, une tourelle et un poste vision.

Les enseignants peuvent faire le choix de câbler tout ou partie de la régie en fonction des exercices prévus. Cette régie est importante pour l’option Exploitation car il faut câbler, décâbler, recâbler. Le câblage d’une régie est une épreuve de BTS, et donc plus simple sur une régie mobile. Une fois les élèves maitrisant la technologie, ils pourront échanger des données avec l’autre régie via une carte de conversion SDI/IP ou bien récupérer des canaux du serveur EVS. Les deux régies permettent ainsi de travailler en mode duplex.

À chaque régie vidéo est associée une régie son. Il y a la console principale (des consoles Studer et intercom RTS) et la console recyclée avec les anciens équipements, deux élèves peuvent ainsi travailler en même temps. Un Avid Pro Tools est associé aux consoles, ce qui permet de faire de la postproduction. Le plateau son comporte une troisième régie audio pour de la prise de son et un peu de live voir de radio.

Dans le BTS en option métiers du son il est important d’avoir des cours sur de l’analogique et du numérique. Il faut se confronter aux différents cas de figure. Les élèves doivent aussi pratiquer de nombreux exercices de câbles. Il y a une table atelier sur laquelle il est possible d’amener une console quelle qu’elle soit et de la câbler », souligne Bastien Lenoir, enseignant son.

Réseau et pédagogie

Toutes les salles de classes et les régies, le nodal, les auditoriums sont reliés par un réseau KVM pour récupérer la commande des stations de travail en salle de cours. Les élèves ont accès à leur propre machine, la totalité des trente machines sont reliées en réseau Dante. Le stockage des machines est local, mais un serveur d’échange commun à toutes les machines est disponible. Il est possible en salle de cours de connecter, via le KVM, une machine sur un vidéoprojecteur et d’avoir, sur grand écran par exemple, un montage en cours, ce qui sur un plan pédagogique est assez unique.

La salle d’étalonnage HDR est en Blackmagic Da Vinci avec une surface de contrôle pour faire de l’étalonnage et toujours en lien avec le nodal via les KVM. Cette salle sert également de lieu de visionnage pour les documents de fin d’étude.

Les salles de montage sont en liaison fibre et 10Gbits vers le nodal, huit salles de montage sont pour le BTS et une salle avec quinze stations de montage sont pour la formation en alternance. Toutes les stations sont des Avid Media Composer. Il y a huit stations de postproduction audio stéréo, une en 5.1, et deux cabines speak.

Le nodal comprend le serveur XS4K EVS, l’Avid Nexis, les grilles, les convertisseurs. En première année, les élèves doivent découvrir ce qu’est un réseau, un signal vidéo… « Ils commenceront à travailler sur l’IP en seconde année. Le dernier référentiel a huit ans et pour le moment il n’y a pas de cours prévu sur l’IP officiellement, mais il est fondamental de prendre en compte le réseau », indique Alain Gawlik, enseignant exploitation.

Outre les salles et les régies, sont disponibles des équipements de reportage image et son. Le magasin comprend des unités que les élèves doivent préparer pour aller sur le terrain. Il y a une salle de préparation et de vérification des reportages et du matériel. On y trouve également un car régie qui sera rééquipé en SD avec l’ancien matériel provenant de la régie du Plateau Vert.

Central Hub (BTS Henri Martin)

Formation

Le projet a été finalisé en mai. Ce fut une opération à tiroirs, avec déplacement de certaines parties du matériel dans des locaux pour permettre aux élèves de continuer à travailler. Il ne s’agissait pas juste de matériel, mais aussi de travaux dans les salles, que ce soient des créations de cloisons, de tirer des câbles et de la fibre avec une participation des élèves aux travaux de câblage.

Nous faisions des points réguliers, avec les différentes options. Il fallait prendre en compte les besoins, les contraintes des uns et des autres pour avancer dans la bonne direction. Il n’y avait pas de chef de travaux, d’où un travail direct avec les enseignants », insiste Philippe Mauduit.

Régie du Studio Vert (BTS Henri Martin)

Studio Vert (BTS Henri Martin)

Nous disposons de quinze enseignants en BTS Audiovisuel sur la partie technique (vacataire, titulaire, contractuel…). Il faut compter sur des enseignants qui ont pu suivre ce type de formation, mais aussi sur des professionnels – par exemple nous avons un chef monteur qui vient de Canal+. Dans le cadre de ce projet, nous n’avions pas dimensionné la formation sur le matériel et sur les nouvelles technologies qui y sont liées comme l’IP. Bien évidemment, BCE a formé aux outils, au-delà même de ses prérogatives, mais ce n’est pas suffisant. BCE a également formé les professeurs afin qu’ils puissent acquérir les compétences nécessaires à l’utilisation du matériel », poursuit Jacques Tabary.

La réforme du Bac en 2021 va dans doute impacter les BTS et une réforme devrait suivre. La preuve en est, les BTS vont passer de deux à trois ans. Comme dans l’université, il y aura une mise à niveau en première année. Tout le monde n’a pas le même niveau, il y aura un nouveau référentiel pour des mises à niveau et le numérique y prendra une part prépondérante, dont l’IP.


« Un projet doit bien se passer. Quel que soit le projet et cela s’est bien passé dès les premiers contacts. Les équipes de BCE ont su s’adapter et faire preuve d’une grande souplesse pour répondre à nos besoins, au-delà même du cadre de l’appel d’offres », conclut José Delclitte.